L’importance de laisser un enfant prendre des risques mesurés

Les risques mesurés : laisser son enfant grimper à un arbre, descendre un toboggan à l’envers, manier un couteau, une scie ou autre objet tranchant, le laisser traverser la route seul, faire un trajet seul à vélo ou encore aller seul au petit magasin du coin… Autant d’activités qui peuvent faire peur de prime abord et qu’on aurait tendance à interdire aux enfants, mais qui peuvent se révéler de vraies expériences de développement de nos enfants si les instructions et les conditions de sécurité sont bien mises en place.

Comment laisser son enfant prendre des risques mesurés ?

Commencer petit

Il ne s’agit pas de nier les risques et de mettre un couteau dans les mains d’un enfant de 6 mois et de lui dire débrouille-toi.

L’idée c’est de donner de l’autonomie de façon progressive aux enfants, en fonction de leur âge et de leur tempérament.

On peut commencer doucement, dès qu’ils sont petits en laissant tomber le parc à bébé et en les laissant arpenter librement la maison, tout en ayant anticipé et éliminé les risques.

Ensuite lorsqu’ils sont plus grands, si on reprend l’exemple du couteau, on peut les accompagner dans le maniement de l’outil en leur expliquant comment il peut être dangereux pour eux.
Par exemple, dès l’âge de 1 an, mon fils nous accompagnait dans la découpe des légumes en cuisine. Au début, je maniais le couteau avec lui et par la suite, il a commencé à le faire seul à côté de nous, avec un vrai couteau, pas un couteau « pour enfant » en plastique. Dès le départ, on lui a bien montré et expliqué que les couteaux coupaient. Un de ces premiers mots était d’ailleurs « aïe » en montrant les couteaux.
A l’âge de 4 ans, nous lui avons offert son premier Opinel lors de son rite de passage de bébé à enfant. Quelle joie pour lui de recevoir cette confiance et de se sentir si grand. Mais derrière tout ça, il y a du temps, des explications, de l’accompagnement, de l’anticipation…

(Presque) tous les enfants aiment grimper aux arbres. Commençons alors par de petits arbres, en les aidant au début, afin qu’ils puissent entrainer leurs capacités à grimper, leur force et leur agilité, avant d’essayer de grimper plus haut. Ça leur permettra de prendre confiance en eux et à nous à leur faire confiance.

Anticiper les risques

Aménager l’environnement, relever les dangers potentiels et donner des explications avant de laisser son enfant prendre des risques mesurés sont des étapes clé pour que ces risques soient justement mesurés !

Par exemple, avant de laisser un enfant grimper dans un arbre, je peux vérifier que toutes les branches de l’arbre soient bien vivantes et qu’elles ne risquent pas de casser sous son poids.

Pour le maniement du couteau, je donne des consignes de sécurité : utiliser uniquement le couteau quand on est bien assis, comment verrouiller et déverrouiller le couteau, tenir la lame toujours vers l’extérieur…

On peut aussi se projeter dans la situation et se demander ce qu’il peut se passer au pire? Si la conséquence est minime, comme par exemple une petite chute qui découlera sur des éraflures, laissons faire les enfants, sans leur dire « attention tu vas tomber ». Ils apprendront bien mieux par eux-même, en faisant l’expérience de la chute.

Se faire confiance

Se faire confiance et faire confiance aux enfants. Les enfants sont plus solides, résilients et débrouillards qu’on ne le pense.

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Pourquoi laisser son enfant prendre des risques mesurés ?

A l’heure actuelle, les enfants ont perdu énormément de liberté et les adultes voient du danger partout.

Je me rappelle, étant enfant, aller jouer pendant des heures avec mon frère et mon voisin dans le ruisseau en bas du champ derrière chez moi. Nos parents savaient vaguement où nous étions, ils ne nous surveillaient pas et nous n’avions pas de téléphone. Nous rentrions quand nous en avions envie ou quand ma mère nous rappelait en soufflant dans une flûte !

Aujourd’hui, ce serait impensable de laisser des enfants jouer sans surveillance. Et pourtant, y a-t-il vraiment plus de danger aujourd’hui qu’hier ? L’accès constant aux médias et le martelage de ces derniers sur les faits-divers contribuent à cette peur ambiante et collective que le mal est partout, que tout est dangereux.

Je ne dis pas qu’il n’existe pas, mais il n’est pas plus présent qu’il y a 30 ou 60 ans…

A cause de ce danger « omniprésent », on surveille et surprotège nos enfants, on réduit leur liberté. On ne peut toutefois pas protéger nos enfants de tous les risques et le faire ne nous donne que l’illusion d’y parvenir.
De plus, c’est contre-productif. Un enfant à qui on ne laisse pas prendre de risque, non seulement, se blessera plus facilement car il n’aura aucune notion du danger, mais en plus, en grandissant, il n’aura qu’une envie : prendre des risques pour se dégager de ce cadre parental rigide, sans connaître ses limites et savoir évaluer le danger…
L’autonomie et la prise de risque sont essentiel au bon développement de l’enfant. Sans ça, l’enfant n’apprend pas à faire face aux difficultés et danger de la vie et à se débrouiller seul.

Bien sûr, je ne suis pas en train de dire de lâcher votre enfant de 3 ans seul sur la Grand-Place de Bruxelles, mais bien d’augmenter au fur et à mesure son autonomie, dans un environnement sécurisé.

En donnant de l’autonomie et en laissant à l’enfant la liberté de prendre des risques mesurés, on lui permet de :

  • Sentir qu’on a confiance en lui et de développer sa confiance en lui ;
  • Développer l’estime de lui ;
  • Se sentir capable ;
  • Se sentir appartenir à une communauté et participer ;
  • Diminuer les accidents en lui apprenant comment se servir des outils en sécurité ;
  • Développer son autonomie et son indépendance ;
  • Tester ses compétences ;
  • Prendre conscience du danger et d’apprendre à l’évaluer ;
  • De mieux gérer des situations de stress dans le futur ;
  • Prendre conscience de son corps ;
  • Créer son identité ;
  • De connaître ses forces et ses limites ;
  • D’être moins angoissé (le parent est un modèle pour l’enfant. Si on est angoissé, notre enfant sera angoissé).
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Les activités en nature

Pour ce qui est des activités en nature, le simple fait d’être en nature présente des risques : chute quand on court, chute d’un tronc d’arbre mort, présence d’un ruisseau, jeux avec des bâtons, présence d’orties ou de ronces, espace ouvert sans murs pour contenir les enfants, gens qui se baladent dans la forêt, chiens sans laisse…

Le tout étant, comme dit plus haut, en tant que facilitateur.trice de connaître l’environnement dans lequel vont évoluer les enfants, d’évaluer les risques, de donner les explications nécessaires et de créer les règles en amont avec les enfants. Une règle que l’on a participé à créer est plus facile à respecter.

Dans les activités que je propose pour les enfants en forêt, je tente de donner ce semblant de liberté aux enfants. En leur permettant de jouer librement, ils expérimentent cette liberté d’être en nature « seuls ». Bien sûr, ils ne sont pas seuls, je suis là, un peu en retrait et je veille à leur sécurité, mais je n’interviens que lorsque je perçois qu’un enfant se met ou met les autres en danger et je rappelle un des règles mise en place : « prendre soin de soi et des autres ».

Je terminerai par dire qu’une prise de risque mesurée aura un effet bénéfique uniquement si elle est adaptée à l’âge, aux compétences et à la maturité de l’enfant, si elle est souhaitée par l’enfant, si l’environnement est sécurisé et si les instructions sont données en amont.

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